Gringo Shaman

gringoshamanPremier roman, paru chez Sarbacane, collection Exprim´, en septembre 2008.

« Je m’appelle toujours Robin, j’ai toujours dix-huit ans. Mais j’ai l’impression d’en avoir cent, de m’appeler Maruha, chef de guerre déchu, sorcier aux fléchettes magiques en rupture de stock vautré dans un étang de chicha, mendiant céleste rescapé du rêve d’un vieux shaman ».

« Dix-huit ans le nez en l’air. » Robin a son bac et aucun projet d’avenir ; la vie occidentale l’ennuie à mourir. Quand il n’organise pas une « opération-lycée » de nuit avec des bombes de peinture, il soupire en songeant à Léa. Et, en rêve, il « extravague ». Sauf que depuis peu, des divinités étranges, Indiens Jivaros et Amazones, le hantent jour et nuit… Il décide de partir en Équateur, où « battent ses obsessions, dansent ses visions », pour vivre son destin de guerrier. À la rencontre des Shuars, en pleine jungle équatorienne, il saura prouver sa valeur ! Mais la guerre des shamans a changé : plus de têtes à réduire, juste un monde à protéger.

Les premières lignes :

J’arrive devant l’entrée de la boîte avec ma gueule de gringo buriné par la vie, mon sac andin et dix dollars en poche. Un grand Noir baraqué en costard et ticheurte El Che me barre le passage. Un regard sombre et trois mots : ¿Tienes tu cédula?
Non, j’ai pas mes papiers et personne pour me recom mander. Pour te dire, on m’a fauché mon passeport, au consulat français c’est à peine s’ils m’ont reçu, ça leur a paru louche, un jeune qui débarque comme ça, sans rien. Et puis je les ai envoyés chier, ces cons.
Qu’est-ce qu’ils croient ? Qu’après tout ce que j’ai vécu, je vais me laisser traiter comme ça ? J’y ai dit, à la secrétaire, Hé ! A ton avis, j’ai une tête à ramener de la cocaïne de Colombie ? Et je suis parti en claquant la porte, sans papiers, mais digne. C’est pas six mois en arrière que j’aurais fait ça.
Voilà ce que j’essaie d’expliquer en espagnol au videur, mais la porte et son cerbère restent fermés comme un cybercafé le dimanche. Mieux vaut attendre Pepa, elle me fera entrer. Mais ça fait un moment que je l’attends, Pepa…


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